Ses recherches lui firent découvrir qu'il fallait y voir les traces de travaux considérables et que dans le rocher qui supporte Taza, avaient été creusées d'innombrables cavités dont la destination funéraire lui parut caractérisée. Il y distingue des tombes plates avec ou sans dossier, des caves sépulcrale, des chambres et des grottes sépulcrales, des columbaria, des silos. Ces différentes cavités correspondraient à l'inhumation des cadavres simplement couchés. La tombe était creusée tantôt dans un aménagé, tantôt dans un gradin entaillé sur creusée.
Puis les autochtones auraient utilisé des sépulcres plus complexes; CAMPARDOU trouva de véritables chambres creusée dans le roc où on accédait par une porte, dissimulée parfois dans un fouillis de rochers. Les columbaria sont de petites niches talées dans des parois verticales. CAMPARDOU y voit des tombes d'enfants. Parfois, au lieu de creuser une chambre, les indigènes auraient utilisé simplement des grottes naturelles plus ou moins aménagées.
Enfin, CAMPARDOU rencontra un certain nombre de cavités en forme de silo qu'il considéra également comme destinées initialement à servir de sépulcres. L'ensemble de ces sépultures semblaient marquer une certaine influence punique par deux caractéristiques, leur disposition correspondant à celle de cadavres étendus et l'abondance des hypogées (plus d'une vingtaine de chambres auraient été décelées). Certes, GSELL a fait observer que l'hypogées des Carthaginois étaient à bouche horizontale, tandis que les chambres sépulcrales avaient des offices verticaux, mais d'une part les silos que d'après certains indices CAMPARDOU faisaient rentrer (par les silos) dans le cadre de la nécropole ont une bouche horizontale, d'autre part il faut tenir compte des traditions troglodytes des berbères et de la disposition du sol. Par ailleurs, un grand nombre de tombes comportent un rebord interne qui leur donne une allure tout à fait similaire aux tombes plates de Chella et de Tipaza des trois premières siècles de l'ére chrétienne.
Les empereurs suivront alors la tradition et sépareront toujours leurs deux provinces de Maurétanie (Césarienne et Tingitane) par la Moulouya.
Un autre peuple nous est signalé au Maroc par une inscription d'Hannibal : les Maccoii. Il y est dit qu'Hannibal en 219 avant la 2ème guerre punique, recruta des troupes chez les Massyliens, les Masésyliens et même chez les Maures et les Maccoïi ce qui indique que les Maccoii se trouvaient dans le Moghreb extrême. Faut-il y voir les ancêtres des Baccouya d'Ibn Khaldoun (la permutation de B et de l'M est un fait très fréquent en berbère)
Enfin, Ptolémée signale l'existence de Makénite » en une région qui correspond au haut Sebou. On peut y voir les ancêtres des Miknassa. L'hypothèse a été émise depuis longtemps et nous aurons l'occasion d'y revenir.
De la période romaine nous n'avons aucun document important d'auteurs. I 1 semble seulement que le seuil de Taza ait marqué la limite... Les lieux où éclatent les diverses révoltes ne sont pas précisés par la limite de la domination romaine. Il aurait en effet été jalonné par une ligne de "limes" le premier fait qui apporte à Y croire c'est l'établissement de la limite des deux Maurétanies sur la Moulouya. S'il n'y avait pas eu de communication intérieure entre le bassin de la Moulouya et celui du Sebou, cette limite n'aurait eu aucun sens. Cette hypothèse de la limite du monde romain à la trouée de Taza était étayée jusqu'ici par la découverte en 1918 des vestiges d'un poste de limes établi sur plateforme qui domine les gorges du Bou-Hellou.
Aujourd'hui, une découverte toute récente est venue apporter un nouvel argument très sérieux : cet été un spécialiste algérien a par photographies aériennes décelé les vestiges d'un autre limes aux environs de m'Soun. Il est intéressant de rappeler à ce sujet que dès 1914 les autochtones avaient signalé au lieutenant LAFAYE la présence de vestiges des "Neçara".
Ce limes au débouché du Seuil vers la Moulouya, ne peut correspondre qu'à une ligne continue au travers de ce Seuil. En effet, tant que poste avancé destiné à protéger la vallée de la Moulouya contre un ennemi habitant le Seuil, M'Soun serait en effet mal placé.
Enfin, une tradition indigène est digne de remarque. En pays Tsoul près de la Kasba Frassen, la cote 1199, où l'on trouve des blocs de pierres taillées, passe pour avoir été l'emplacement d'une ville chrétienne antérieure à Tsoul et à Taza et qui se nommerait AIN ISHAQ. (Juste au pied de ce piton il y a une trés grosse source). Ce point était un observatoire remarquable qui domine tout le pays Tsoul, l'hypothèse d'un poste romain n'est pas inadmissible. Par la suite lorsque la domination romaine s'est affaiblie, il est probable que Rome dut renoncer assez tôt et à ses limes du Seuil qui étaient dangereusement coincés entre des montagnes inquiétantes.
Ces diverses cavités constituaient donc un. complexe assez varié et d'un intérêt certain, s'il pouvait laisser quelques doutes sur la destination purement funéraire que lui a assigné CAMPARDOU. I l est fort regrettable que la pioche des terrassiers ait fait disparaître nombre de ces vestiges, tandis que la majorité de la population misérable des grottes en détériorait beaucoup d'autre.
Les tombes fournirent une maigre récolte au point de vue mobilier funéraire. Elle consista principalement en clous et en poteries. d'objets en bronze il n'y en avait pour ainsi dire pas, mais à l'âge de bronze est presque inexistant en Afrique. Quant au fer, les fouilles n'ont guère ramené au jour que des de deux sortes. Les uns très primitifs avec une tête à quatre pans les autres hémisphériques étaient souvent accompagnés de plaques d'appliques. CAMPARDOU vit dans ces divers clous les derniers vestiges de cercueils en bois. Leurs deux modèles marquaient deux stades successifs de l'industrie du fer.
Quant aux poteries trouvées, elles comprennent essentiellement sérié variée de vases et de lampes à huile. Ces dernières sont de deux types, l'un trilobé rappelle visiblement le genre pentu; l'autre comporte des lampes rondes similaires aux lampes romaines. Parmi les objets divers rencontrés on a signalé un col de balsamaire en verre tout à fait semblable à certains balsamaires romains.
D'après cet ensemble si restreint soit-ils on peut hypothétiser deux stades de civilisation différents; celui des clous à pans et des lampes trilobées et celui des clous à tète hémisphérique et des lampes rondes. L'un correspondrait à une industrie primitive simplement influencée par le voisinage des phéniciens. L'autre à une industrie plus perfectionnée où Rome aurait marqué une empreinte plus précise, plus directe, bien que l'absence de toute indication sérieuse et de toute inscription empêche absolument de supposer la présence effective de Romains à Taza.
Par ailleurs, en fait de monnaie romaine, les découvertes d'une pièce de bronze au profil de Tibère au Dra El Louz et une médaille de Bas Empire à Bab Guébour, sont absolument insuffisantes. Un dernier vestige à étudier dans cette nécropole est constitué par ce que l'on a dénommé le signe solaire : la grotte de Kifan El Ghomari, qui après avoir été un habitat ibéro maurusien, comme grotte sépulcrale, à son entrée agrémentée d'un disque en relief de un mètre de diamètre. Ce a d'autant fait, plus attiré l'attention des explorateurs de nécropole, qu'un disque similaire et de dimension semblable fut trouvé dans une chambre sépulcrale.
CAMPARDOU y a vu la trace d'un culte du Soleil d'origine punique.
GSELL y voit un simple "ornement architectural".
De cet ensemble de constatations il résulte que si parfois CAMPARDOU a eu tendance à donner une valeur trop probable à certaines découvertes, le scepticisme de GSELL semble exagéré, en particulier lorsque son doute le conduit à attribuer la nécropole à la période musulmane.
Le fait du manque d'orientation des sépultures rend cette assertion assez surprenante. Aussi, sans préciser de date, on peut supposer que les habitants de TAZA subirent une influence lointaine mais profonde des colonies phéniciennes de côte. Cette influence n'aboutit pas à un degré de civilisation très avancé et porte surtout sur des rites funéraires, mais l'empreinte fut vivace. Ce genre d'influence correspond à une affinité raciale qui laisse peu de doute.
Au contraire à l'époque romaine il y eut aussi une action perfectrice, mais cette action s'est portée simplement sur des réalisations matérielles et techniques, l'influence romaine n'a pas de traces sur le degré moral de civilisation.
En résumé pour la période antéislamique les vagues indications fournies par les documents écrits extrêmement réduits et par des vestiges matériels imprécis sont les suivantes ::
1) L'existence d'un centre habité important à TAZA.
2) Une influence première lointaine mais profonde des colonies phéniciennes métagonites.
3) Romains dans La présence des le Seuil de TAZA pendant période limitée, mais jusqu'à preuve du contraire aucune indication ne permet de parler d'une occupation romaine effective à TAZA.
Après ces conclusions nous signalerons une tradition locale qui si elle n'a qu'une valeur légendaire, n'en était pas moins notre troisième conclusion.
La tribu des bni ouajjane de la confédération des Ghiata attribue l'origine de son nom à un ancêtre éponyme JOUANE IBN ASFAROU, Ce Jouane sursit été un colon romain établi vers Bab Marzouka. Si sceptique que l'on puisse être sur cette généalogie, on peut néanmoins y trouver une confirmation de la présence des romains dans le seuil de TAZA et l'étude que nous avons faite permet de supposer l'établissement de relations entre le centre habité da Bab Marzouka et les romains.